Le 14 octobre dernier se tenait l’évènement Courir 6h en coeur qui avait pour but d’amasser des fonds pour la fondation En Coeur. Cette fondation vient en aide aux familles d’enfants ayant des maladies cardiaques. Comme je suis touchée de près par cette cause, j’ai décidé de m’y impliquer en m’inscrivant au volet Ultra de l’évènement. Il s’agit d’une course de 54km, traversant toute la Ville de Québec, du Lac Saint-Charles à la base Plein air de Sainte-Foy. 

Je me suis inscrite sans regarder la date. J’ai bien vite constaté que je n’étais pas disponible le 14 en raison d’une formation reliée à mon travail. Il était cependant important pour moi de réaliser ce défi et d’amasser des sous pour la famille de ma belle-soeur. J’ai aussitôt demandé d’aide de mes amis via Facebook (parce que entre vous et moi, courir 54km en solo, c’est long longtemps). Ils sont plusieurs à avoir répondu présents. J’ai alors décidé que je ne ferais pas 54km, mais bien 108km avec ma gang (trop de gens? Pas de problème, on ajoute des km!).Photo 17-10-22 08 48 25

Nous avons donc pris le départ samedi matin le 28 octobre à 7h. Une belle journée nous attend, la température est plus que de notre côté. Je décolle aux côtés de Martine, Amélie et Amy (en ordre sur la photo). Martine est avec moi pour les premiers 20km alors que les deux autres feront 32km, soit la distance du Sentier linéaire de la rivière Saint-Charles. Je n’avais jamais eu l’occasion de le parcourir au complet, c’est maintenant chose faite!

Les premiers km se font assez rondement, j’essai de maintenir une vitesse plutôt lente afin d’avoir de l’énergie et des jambes pour parcourir tout le trajet de 108km. L’énergie est bonne, la bonne humeur présente pour toutes. Nous avançons tranquillement jusqu’au parc Chauveau, à 14km du départ, là ou se trouve notre premier « ravito mobile ». Photo 17-10-21 08 48 55

N.B: Après le « Subaru Condo » du Bromont Ultra, ma voiture s’est transformée en « ravito mobile » pour la journée. Vêtements propres et secs, nourriture, eau, trousse de premiers soins et bonne humeur du chauffeur y était en tout temps.

Je mange un peu, remplie mes gourdes, et on est reparties pour le deuxième segment. Nous retrouverons Raphaël, chauffeur du « ravito mobile », plus loin sur le parcours, plus ou moins au Boulevard Hamel. Tout va toujours bien, mais moins vite que je l’aurais pensé. Pas grave, on est pas pressées, me suis-je dit un moment donné. Martine nous quitte à plus ou moins 20km comme prévu (avec environ 30 minutes de retard sur le planning initial). Nous poursuivons, Amélie, Amy et moi sans grande histoire. On jase, on rie, on a du fun. Le sentier est magnifique avec ses couleurs et ses méandres le long de la rivière.

Nous rejoignons finalement Raph dans un stationnement de bloc appartement. Mange, remplie les bouteilles, et repart. Autre petit segment de 7 km. Les jambes commencent tranquillement à s’enraidir. Une surprise m’attend au bout, mon amie Andréanne, qui se joint à nous! On a parcouru toutes les 4 les derniers km du sentier linéaire qui nous menaient au Marché du vieux port. Mon tendon d’Achille droit comment à protester (merdouille, j’ai oublié mon tape à la maison). Je marche plus souvent, les intervalles de course raccourcissent.

Finalement, la fin du sentier linéaire. Amy en est à son premier 32km, plus longue distance jamais parcourue (félicitations mon amie!!!!!!!!!). Je suis bien fière d’elle, elle a fait ça les deux doigts dans le nez (ou presque!). Amé doit aussi nous quitter. Avant de partir, Andréanne et elle m’ont fait un gros cadeau… UN MASSAGE DE JAMBES!!!! Je suis gâtée! On a pris une dizaine de minutes de repos: rouleau, ProKrunch, smoothie. J’écoute les conseils de Raph: va y molo, pas trop vite, prend le temps de marcher 2-3km avant de repartir. La tête et le coeur y sont, même si le corps y est un peu moins. Il est environ 11h30.

Prochain segment: Vieux port et Promenade Champlain. DE L’ASPHALTE. On part en marchant, le temps de délier tout ça (ce qui ne se fera pas vraiment avant un petit bout). Plus on avance, plus j’ai mal. Le tendon d’Achille, le pied, le genou. J’ai la tête dure, mais là, c’est tough. J’ai déjà eu ce genre d’inconfort. Mais là, plus j’avance, pire c’est. Le tendon et le pied, ça se tough. Le genou, ça c’est pas évident. Plus la douleur augmente, plus le mental diminue.

Question de changer le mal de place, on rejoint Colette, un peu avant la côte Gilmour. Elle est là, avec son grand sourire et ses grands mots d’encouragement. Ça fait du bien, mais pas longtemps. Je fais des intervalles, courts. Mon genou ne veut pas courir. On progresse tranquillement sur la piste cyclable (est-ce que je vous avais déjà dit que je déteste courir sur l’asphalte?).

JP, le chum de Andréanne, vient nous rejoindre en vélo. Il est super encourageant, mais maudit que c’est difficile. Mon moral est au plus bas, ma douleur, au plus fort. Je vous avoue, j’ai versé une larme lorsque j’ai réalisé que je ne terminerais pas. Je ne pouvais pas penser faire encore 70km sur un genou amoché comme ça. J’étais à environ 38km de parcouru. J’avais plus mal à mon petit coeur qu’à mon genou je pense. Ça été un bout tough, genre, VRAIMENT. À travers 2-3 larmes que je n’arrive plus à ravaler, je dis aux filles combien je suis déçue de ne pas pouvoir faire ça pour mon neveu. Elles ont été tellement encourageantes, tellement gentilles et supportantes… J’étais sans mot… juste pleine de gratitude.

J’ai pris une décision, je vais terminé mon premier 54km et après, ben on verra! À partir du moment où j’ai accepté ce fait, j’allais déjà mieux. Mon mental avait repris du pic. C’est sur cette magnifique vue que je me suis reprise en main. J’avais mal quand même, mais j’allais mieux dans mon dedans. Photo 17-10-21 12 33 51

On continue notre chemin, tranquillement pas vite, sans pression. Les intervalles de course ne sont pas très longs et sont douloureux, mais on progresse quand même. On rejoint Raph. Je lui dit que ça va mal, il me dit que c’est normal d’avoir des downs, de ne pas lâcher et de manger cette pizza que j’ai mis dans la glacière (quelle merveilleuse idée d’apporter de la pizza pour les moments de doute).

On repart pas longtemps après. Je laisse mon sac d’hydratation dans la voiture avec mon cellulaire (information importante ici) et je repart avec une bouteille d’eau et quelques bonbons. Andréanne nous quitte quelque part sur la promenade Champlain avec son chum. Un gros colleux dégeu plus loin, on continue. Ce sera Colette et moi en solo jusqu’à la fin.

Je continu en intervalle de 200m course, 200m marche. Mon genou m’arrache des grimaces à chaque intervalle de course, mais pas question d’abandonner. On fini par finir la promenade Champlain. La section qui suit, qui doit nous mener à la plage Jacques-Cartier comporte 700 marches (à peine). Et devinez quoi…? LES ESCALIERS SONT FERMÉS. J’ai à peu près aucune idée de où je me situe, je ne sais pas tellement où je m’en vais et je n’ai pas mon cell pour vérifier ou appeler Raph.

Vous auriez dû nous voir Colette et moi… En train de sortir nos skills de Spartan Race et passer par dessus les « portes »qui fermaient les escaliers. J’étais pas top shape, mais il faut croire que mon corps se souvenait de comment faire malgré la fatigue! On monte les 2 escaliers (et passe par dessus 4 murs). Rendu en haut, d’autres escaliers, encore et encore, à monter et à descendre, à travers des chemins de terre battue. Les montées sont ok, mais les descentes sont infernales, mon genou ne les aime pas du tout. On progresse jusqu’à l’accueil de la plage Jacques-Cartier, mais où est Raph?

Habituellement, il était à toutes les intersections, croisement, name it. Mais là, il est pas là… et je ne sais pas où je suis (et deviens un peu impatiente) ni à quel endroit il se trouve lui non plus. Après discussion avec des gens qui se promenaient par là, on est venu à la conclusion qu’il aurait dû se trouver à l’accueil. Colette demande le téléphone d’un monsieur qui passait par là, j’appelle mon chum (ne sachant pas le numéro de téléphone à Raph) et mon chum organise ça avec Raph. Un dizaine de minutes plus tard (qui m’en a parût de 45), nous retrouvons Raph ET notre chemin.

Rendu au « ravito mobile », je regarde finalement mon genou… J’avais un demi oeuf sur le côté du genou… BON! Rendu là, on va finir, mais c’est certain que ça s’arrête après les 5-6km qu’il nous restait à parcourir. 5-6km d’ASPHALTE, en descendant… Je les appréhendais. Finalement, d’un point à un autre, on arrive ici: Photo 17-10-21 15 19 51

Finalement!!!! On va y arriver! Avec l’aide de Colette et ses innombrables encouragements, on a mis les pieds à la Base plein-air de Sainte-Foy à 15h20. Mon chum, ma collègue Claudia (qui devait repartir avec moi pour le premier 20km du retour), ma belle-soeur Véro et mon beau-frère Phil et bébé Arnaud <3.   Photo 17-10-22 07 46 23

Quel beau moment! Même pas braillé, mais presque! Malgré la « défaite » et la « déception », j’y suis arrivée. Il faut dire que je l’avais sous-estimé celui là… Pratiquement pas de dénivelé, les amis, les encouragements… J’ai un énorme respect pour les coureurs sur route… mais maudit que j’ai trouvé ça difficile! Mais vous savez quoi? L’histoire ne s’arrête pas là!

J’avais d’autres amis qui étaient stand by pour le reste du parcours. Nous avons skippé le bout d’asphalte, et on a repris au début du sentier linéaire. Mel, Ben, Raph et Claudia décolle vers 16h30. Mathieu et moi, on les suit avec la ravito-mobile. Rendu au Parc Chauveau, Éric et Jen se sont joint au groupe et Claudia a débarqué. Elle a repris, avec moi, sur les 6 derniers km. À pas de tortue, mon genou en avaient assez, mais on l’a fait, en équipe.Photo 17-10-21 19 41 19

QUELLE BELLE JOURNÉE! Je ne peux qu’être reconnaissante envers tout ceux qui ont partagé cette expérience avec moi. J’ai reçu une grosse vague d’amour mais surtout plein de sous pour la fondation.

La morale de cette longue histoire: le corps s’adapte, mais pas en une seule sortie!!! Je n’avais pas fait de route depuis belle lurette, alors voilà ce que ça donne! Heureusement, pas de « véritable » blessure. J’ai arrêté lorsqu’il le fallait car 3 jours après, j’ai pu courir de nouveau 🙂

Courir 6h en coeur, on se voit l’an prochain, sans bobo et avec le sourire du début à la fin!

Une réflexion sur “Courir 6h en coeur – en retard: leçon d’humilité

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