La folie des grandeurs

ATTENTION, PETITE MONTÉE DE LAIT ICI

En tant que coach de course à pied en privé et au Club de trail Nord Boréal, mon rôle est d’accompagner mes clients et les membres du CTNB dans leurs défis. Que ce soit de débuter la course à pied, s’initier au trail, jusqu’au fameux 100 miles. Je les côtoie tous ces clients là. Je les vois évoluer, on discute ensemble de ce qui est réaliste ou non. Depuis les années, je me rends compte que la majorité des coureurs n’ont qu’un but: augmenter leur distance, que ce soit par un demi-marathon, un marathon, ou même un 10km de trail. J’adore partager ces défis là avec les gens, ça me drive, beaucoup, mais pas à tous les prix!

Je ne dois pas être la seule qui a remarqué (et qui a aussi vécu) cet engouement pour les longues distances (longues est un terme qu’on peut utiliser au sens large et peut être personnel à chaque coureur). J’ai moi-même fait l’erreur d’augmenter trop vite et au gros prix. J’ai aussi fait la gaffe de vouloir toujours plus, sans nécessairement avoir la préparation pour le faire. L’idée ici n’est pas d’être moralisatrice, loin de ça. Je veux simplement soulever un point important: on peut se réaliser en ne défonçant pas les murs de toutes les distances dans une saison. (Merci c’est dit)

Ce que je veux dire, et je le dis souvent: FAIS TES CLASSES. Il n’y a aucune gêne à courir 10km, encore moins 25! Avant de penser à faire le saut (aux ultras ou même au demi-marathon, dépendant de votre niveau), faites vos classes de grâce! Je sais que je risque d’en froisser plus d’un, mais beaucoup d’autres seront d’accord avec moi.

Je reçois trop de gens dans mon bureau, blessés, qui veulent DONT BEN courir loin et longtemps. Mais à quel prix les amis? Les blessures, l’épuisement, le surentrainement, l’écoeurite de courir? Non merci. Courir est accessible à tous, j’en conviens. Mais le corps doit avoir le temps de s’adapter, point. Passer du sofa au marathon ne se fait pas en 6 mois, je suis bien désolée! Certain le font, mais est-ce que la majorité devrait le faire? Hell, no.

La vitesse n’a jamais été un pré-requis à rien dans ma vie, et encore moins pour dicter la progression, mais il y a une limite à l’adaptation du corps au stress. Et tant qu’à arriver à une course, à moitié brûlé, à moitié blessé et à moitié pas prêt, à quoi bon? Il n’y a aucune urgence à courir plus. Passer de 5km à 20km, que ce soit sur route ou en trail, ce n’est pas de la tarte. Particulièrement pour les débutants. Le corps n’est pas adapté ni au stress de la course et surtout pas à la charge d’entraînement qui découle d’un entrainement de 10-20-30km.

Alors en ce semi début de printemps douteux, alors que les inscriptions se comblent pour les courses, que tout le monde est heureux de publier sur Instagram qu’il s’est inscrit pour sa plus grosse course à vie, DE GRÂCE, fais un choix brillant et intelligent. Il n’y a aucune presse à courir plus longtemps. Consolider ses acquis, peaufiner sa technique, courir plus vite… ce sont tous des objectifs aussi louables que d’aller plus loin.

Donc, fais moi une fleur, quand tu planifieras ta saison 2020, pense à ce petit billet…

P.S: J’aurais tout avantage à te laisser te planter, c’est de la création d’emploi après tout… mais j’ai vraiment plus le goût de cheerer à ton arrivée triomphante, satisfaisante, en forme et surtout pas brisé ❤

Tu as tout intérêt à en parler à un coach, un ami qui connait ça, ton physio, ta chiro… qui tu veux, en autant que cette personne soit qualifiée pour te conseiller. Il n’y a aucune recette miracle du genre: augmente de 2km/mois jusqu’à maximum 10 par année… Ça n’existe pas ça, chaque personne est unique donc chaque progression le sera aussi!

Crédit photo: DanielT photo